Aller
à Lourdes avec le train en 1928. |
Ma grand-mère a décidé de m'amenerà Lourdes avec
elle. Nous partons de bonne heure, vers les huit heures solaires.
C"est samedi, mon grand père va chercher le cheval à l'écurie.
On l'attelle au char à banc et avec ma grand-mère, on monte dedans
et nous voilà partis à la gare de chemin de fer à Mirande.
La gare, je savais à peu près comment elle était, car on
y allait quelquefois pour voir passer les trains.
.Au guichet, nous avons pris des billets de troisième classe car le
prix était moins élevé..
Une grosse machine à vapeur était attelée à des
wagons de voyageurs et à quelques wagons de marchandises. Avec ma grand-mère
nous sommes montés à nos places, moi à côté
de la vitre pour voir le paysage. Comme bagage, j'avais juste un tout petit
sac avec ma chemise et deux serviettes de toilette.Il
y avait beaucoup de monde et nous n'étions pas toujours bien installés
: les sièges n'étaient pas très confortables. Le
contrôleur reconnaissable à son impecable uniforme bleu foncé
et son képi assorti vérifiait les tickets dès que le train
avait démarré.
Le train ne marchait pas vite, il s'arrêtait souvent même dans
les petites gares. Il y avait beaucoup de bruit : la grosse machine qui redémarrait,
les jets de vapeur de la locomotive, les
changements de rails, les discussions des voyageurs et surtout le passage du
viaduc de Laas. Là, ça été une vraie joie.
Le bruit n'était pas le même°, on voyait le vide. On
baissait les vitres pour regarder, c'était une fête....Tout le
monde savait qu'il était construit par
Gustave Eiffel, celui-là même qui avait construit la Tour à
Paris.
Le plus beau c'était de se rapprocher des Pyrénées
et de pouvoir les admirer longtemps.
Enfin on est arrivées à Tarbes. Là, il a fallu changer
de train. On a attendu dans une salle d'attente. L'attenteétait
assez longue Il paraît que certaines dames avaient le temps d'aller
chez le coiffeur. Heureusement ma grand-mère était au courant
; elle allait à Lourdes avec mon grand-père peut-être pas
chaque année, mais presque. Un autre train a démarré une
heure après environ. Après Tarbes, on a commencé à
voir les montagnes. De la maison, on les voyait loin, mais là, si près,
quel enchantement.
On est arrivées à Lourdes en début d'après-midi
. On est descendues du train qui peut-être n'allait pas plus loin et on
s'est dirigé vers l'hôtel-restaurant où mes parents descendaient
d'habitude. Nous nous sommes dirigés vers la grotte pour visiter les
églises. Le dimanche matin, on est allées à la messe, après
on a fait le chemin de croix et l'après-midi on a visité le château-fort.
Là, où on logeait, il y avait des cartes postales. J'ai voulu
en acheter une comme souvenir.
Arrivés le samedi après-midi, on est repartis le lundi dans la
matinée pour arriver chez nous dans l'après-midi. Mon grand-père
nous attendait à Mirande et comme c'était lundi (jour de marché),
on y est resté un peu avant de rentrer à la maison.
Quelle joie pour moi d'avoir pris le train et d'avoir vu tant de choses. Et
je n'avais que 8 ans.
Témoignage de M. A. Despaux née en 1920.
° Le bruit du train passant sur le viaduc s'entendait de très loin, de Belloc St-Clamens par exemple.